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Une conversation avec<br> Pauline Chardin
Entretien avec Pauline Chardin
© François Guillaume
Pauline Chardin passe son temps à parcourir le monde et à partager ses photos et ses bons plans sur le site de voyage qu'elle a fondé, The Voyageur. Nous avons naturellement souhaité rencontrer cette femme aux multiples talents - elle est également photographe, créatrice de mode et directrice artistique - pour en savoir plus sur les sources d'inspiration de The Voyageur et pour connaître, entre autres, son point de vue sur le style français et ce que signifie être chic.
Q : Bonjour Pauline, peux-tu nous dire d’où tu viens et que fais-tu ?
R : Je suis française, je vis à Paris où je travaille en tant que consultante en style freelance. Je suis également à l'origine du blog de voyage et de photographie The Voyageur.
Q : Quel est le but du Voyageur ?
R : Il s’agit de trouver l’inspiration dans les voyages et de la partager de manière créative. Dans mon métier, il faut avoir un œil neuf et constamment proposer de nouvelles idées. Pour moi, le voyage est la meilleure réponse à cela. Je voulais créer un espace qui puisse vous donner les clés pour voyager par vous-même, mais, peut-être plus important encore, qui puisse vous transporter instantanément quelque part et vous ouvrir les yeux sur des trésors méconnus.
Q : Que recherchez-vous lorsque vous visitez un pays ?
R : En général, il y a une chose qui me pousse à choisir une destination, qui devient alors la clé de voûte de tout le voyage, par exemple voir l'art et l'architecture modernistes au Brésil ou découvrir la Transylvanie rurale. Il est utile de partir de la particularité d'un pays en particulier plutôt que de toujours chercher la même chose partout où l'on va. Cela dit, je n'aime pas les voyages monolithiques, aussi fantastiques soient-ils, on perd forcément tout intérêt après avoir visité le cinquantième temple indien. C'est pourquoi je réfléchis beaucoup à la création d'itinéraires variés. Si je devais résumer, je dirais que je suis plus heureux en dehors des sentiers battus, avec une culture locale riche et une bonne cuisine.
Q : Avec une telle richesse de voyages et d'expérience à votre actif, pouvez-vous partager avec nous vos meilleurs conseils de voyage ?
R : Après plus de dix ans de voyages, j'ai mis au point quelques principes qui permettent de rendre chaque expérience plus agréable : - Vérifiez la météo : un temps rigoureux peut transformer un voyage formidable en cauchemar (bonjour Rome en août) tandis qu'un temps doux peut rendre des endroits hostiles soudainement agréables (pensez au désert en novembre). Parfois, il vaut mieux reporter un voyage que de le faire au mauvais moment. Il y a de fortes chances que vous n'y retourniez pas de sitôt, alors mieux vaut faire les choses au bon moment. - En haute saison : évitez les destinations touristiques ou faites-les en dehors des sentiers battus. Ainsi, si vous devez vous rendre à Rhodes en août, louez une maison dans un petit village de l'intérieur des terres, loin des plages bondées. - La basse saison est votre amie : c'est moins cher et vous avez les endroits célèbres presque pour vous seul. - Faites vos recherches à l'avance : cela rend tout beaucoup plus facile une fois sur place. - Soyez curieux : même si tout ce que vous pouvez imaginer depuis votre canapé est des vacances à la plage, vous pourriez gagner plus à long terme en faisant un choix un peu plus aventureux. Voyager, c’est aussi créer des souvenirs durables qui ne feront que s’améliorer avec le temps.
Q : Quelle a été votre plus grande surprise de voyage en termes de pays que vous avez visités au cours des dernières années ?
R : Sans l'ombre d'un doute, je dirais le Japon. C'est un voyage que j'avais toujours su que je ferais mais qui m'intimidait et que j'avais trop longtemps repoussé. Ce pays et ses habitants sont une leçon constante de poésie, de raffinement et de dévouement. Je suis revenu obsédé par ce pays et j'ai réservé un autre voyage six mois plus tard. J'ai compté les mois avant de pouvoir y retourner et j'ai finalement réservé un voyage dans la préfecture d'Okinawa.
Q : Plus près de chez vous, en tant que femme française, comment définiriez-vous le style français ?
R : La spécificité du style français me semblait un peu abstraite jusqu’à ce que je passe suffisamment de temps à l’étranger. Aujourd’hui, je vois plus clairement ce qui le rend si reconnaissable. Il est discret mais féminin. Je pense qu’il y a aussi un petit côté romantique, discret mais toujours présent, qu’on retrouve rarement ailleurs. Même si je suis inspirée par les femmes loin de chez moi, je suis toujours impressionnée par la beauté et le chic des Parisiennes quand je reviens.
Q : Les Françaises font-elles du sport ? Comment font-elles pour rester en bonne santé ?
A : A Paris, on voit désormais beaucoup de joggeurs et de salles de fitness fleurir ici et là. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. Alors oui, le sport est devenu une vraie tendance ici, et encore plus chez les jeunes générations. Cela dit, la plupart de mes amis ne font du sport que de manière très occasionnelle, aucun ne se lève à 6h du matin pour faire du yoga, et ils ont tendance à annuler leurs séances de sport et à aller déjeuner à la place ! Le bien-être est la priorité ici aujourd’hui et cela s’accompagne souvent d’une façon détendue mais consciente des choses. Ils vont peut-être au Kundalini yoga mais achètent une pâtisserie chez Bontemps au retour !
Q : Le yoga est-il populaire à Paris ?
R : Je pense que ce mouvement prend de plus en plus d'ampleur, avec des approches différentes pour s'adapter à chaque style de femme. Cette pratique parle certainement aux femmes néo-bohèmes que je connais.
Q : Où travaillez-vous à Paris ?
R : Je fais du yoga au Yotham Yoga rue de Charonne, un studio très discret dans une ancienne usine. Je fais aussi du Pilates à L'Echappée qui fait aussi office de spa et aussi des séances discrètes avec une prof de Pilates qui s'appelle Christine Piechota qui fait des petits cours avec 3 ou 4 personnes.
Q : Quels sont vos endroits gourmands préférés à Paris ?
A : Mokonuts, 5 rue Saint Bernard : Un libanais et un japonais dans une petite cuisine. Une cuisine raffinée mais accessible. Essayez le biscuit aux olives et au chocolat.
Pizza Dei Cioppi, 44 rue Trousseau : Je suis exigeante en matière de pizza, mais ce petit spot est un vrai bijou.
Rice & Fish, 16 rue Greneta : Je n'ai pas encore mangé de meilleurs makis façon fusion.
Dersou, 21 rue St Nicolas : J'adore l'esprit libre du jeune chef japonais Taki Dersou, qui mélange les influences dans un bel espace à côté du Marché d'Aligre. Osteria Ferrara, 7 rue du Dahomey : Le risotto est ici de toute beauté.
Et aussi des raviolis à emporter chez Passerini, du pain fumé de la Boulangerie BO, des pâtisseries orientales de la Bague de Kenza... La liste est longue, Paris n'est presque plus que gastronomie de nos jours !
Q : Quelle serait une journée idéale pour un touriste à Paris (faisant des choses non touristiques)
A : Mon truc parisien préféré (qui n'est pas à Paris à proprement parler) c'est les Puces de Saint Ouen, donc je dirais d'y aller le matin un week-end ou un vendredi. Ensuite, déjeunez chez Rice & Fish, prenez un café chez Telescope, marchez jusqu'à Saint Germain pour traverser la Seine à pied. Visitez les galeries autour de la rue de Seine remplies de bijoux de design et d'affiches précieuses. Bravez les touristes pour manger une glace chez Grom ou arrêtez-vous à la Grande Epicerie pour vous éblouir avec un tourbillon de nourriture délicieuse. À ce stade, vous êtes probablement un peu fatigué, mais si vous avez encore un peu d'énergie, allez un peu plus au sud pour visiter l'intime Musée Bourdelle, c'est mon musée préféré à Paris. Au retour, prenez des pâtisseries dans votre meilleure boulangerie locale (ou chez Pierre Hermé si vous êtes allé au Musée Bourdelle) et commandez de la bonne nourriture sur Deliveroo parce que vous avez mal aux pieds et c'est ce que nous, les Parisiens paresseux, faisons ces jours-ci. Vous dînerez au restaurant demain, il est encore temps.